Rapport des Premiers Peuples à l’éducation

Afin de saisir la rupture historique entre le système d’éducation québécois et les modes traditionnels d’apprentissage autochtones, il est important de souligner que l’organisation de l’éducation chez les Premiers Peuples a toujours fait appel à un système, et ce, bien avant la colonisation8. Sur le territoire ancestral appelé aujourd’hui Québec, il existe maintenant différentes organisations scolaires autochtones. Or, l’histoire ayant mené à leur création est complexe et variée en fonction des spécificités des onze nations et des 55 communautés autochtones. Les quelques repères suivants sont insuffisants pour avoir une compréhension approfondie et nuancée des conséquences de l’histoire coloniale sur les enfants et les familles autochtones. L’intention ici est seulement de vous situer temporellement quant à l’organisation de l’éducation autochtone au Québec9.

La découverte en 2021 des dépouilles sans sépulture de milliers d’enfants autochtones autour d’anciens pensionnats témoigne des sévices infligés et éveille les consciences à agir pour la justice sociale. « Les expériences éducatives et sociales négatives vécues en [milieu urbain] par les élèves autochtones et leurs parents nuisent à la réussite et à la persévérance scolaires »10. Leur cheminement est semé d’embûches, ce qui conduit à un taux important de décrochage63.

Le texte suivant contient des éléments qui pourraient toucher la sensibilité de certaines personnes. Nous préférons vous en avertir.

Représentant près de 60 % de l’ensemble des élèves autochtones au Québec64, les élèves autochtones qui fréquentent les écoles publiques québécoises évoluent dans un contexte pédagogique marginalisant qui constitue un véhicule de reproduction des valeurs de la culture dominante​ et appréhende le monde à travers des lunettes disciplinaires au sein d’univers cloisonnés​65. Cela a pour effet de perpétuer des inégalités​ à travers des relations pédagogiques hiérarchique​s, l’absence ou la minimisation des savoirs et des réalités autochtones, ainsi que la représentation d’une vision stéréotypée et discriminatoire des communautés.

Plus concrètement, au sein des établissements d’enseignement québécois, la situation linguistique, l’inadéquation des méthodes d’accueil, de classement, d’enseignement et d’évaluation des élèves autochtones, ainsi que la méconnaissance des réalités autochtones historiques et contemporaines de la part du personnel demeurent problématiques63.

Il faut aussi savoir que la poursuite d’études a longtemps signifié de devoir renoncer à l’identité culturelle autochtone11. Ainsi, à partir de 1880, et ce, jusqu’en 1985, un amendement retire automatiquement le statut d’Indien à tous ceux et celles qui obtiennent un diplôme universitaire. Au fil des décennies, la Loi sur les Indiens de 1876 a subi plusieurs amendements, dont certains ont créé de nouvelles discriminations. Il est donc facile de comprendre que, de façon générale, les élèves autochtones ne se reconnaissent pas dans le système scolaire québécois : leur identité, leurs cultures ou leurs langues y sont presque totalement oubliées12. De ce fait, ces derniers et dernières suivent des trajectoires atypiques et rencontrent de nombreux obstacles systémiques qui se traduisent en facteurs d’insécurité culturelle : historique, culturel, géographique, linguistique, socioéonomique, psychoaffectif, etc.

Organisation de l’éducation autochtone au Québec

Afin de saisir la rupture historique entre le système d’éducation québécois et les modes traditionnels d’apprentissage autochtones, il est important de souligner que l’organisation de l’éducation chez les Premiers Peuples a toujours fait appel à un système, et ce, bien avant la colonisation. Sur le territoire ancestral appelé aujourd’hui Québec, il existe maintenant différentes organisations scolaires autochtones. Or, l’histoire ayant mené à leur création est complexe et variée en fonction des spécificités des onze nations et des 55 communautés autochtones. Les quelques repères suivants sont insuffisants pour avoir une compréhension approfondie et nuancée des conséquences de l’histoire coloniale sur les enfants et les familles autochtones. L’intention ici est seulement de vous situer temporellement quant à l’organisation de l’éducation autochtone au Québec 13.

Pour aller plus loin : http://lempreinte.quebec/leducation-des-enfants-chez-les-abenakis/

Quelques repères historiques 

Dès le 17e siècle, les premières écoles pour enfants autochtones (ou ce qui en tenait lieu) ont été instaurées à proximité des premières colonies de peuplement. Elles avaient pour vocation d’instruire ces derniers aux bienfaits de l’évangélisation et du travail manuel. À partir du milieu du 19e siècle, dans la mouvance de la Confédération du Canada de 1867 qui a donné lieu à la Loi sur les Indiens ou « Acte des sauvages » de 1876, plusieurs mesures éducatives visant l’assimilation des « Indiens » ont été adoptées, dont la mise sur pied des écoles résidentielles ou « pensionnats indiens ». Placée sous la compétence des instances religieuses, l’ouverture de ces établissements s’est vite multipliée à l’échelle du pays dans les décennies suivantes :

Aujourd’hui

Grâce à la mobilisation des organisations autochtones et aux actions entreprises depuis les années 1970 pour favoriser l’autodétermination de l’éducation, la plupart des communautés des Premières Nations et du Peuple Inuit possèdent aujourd’hui leurs propres écoles, pour un total de 68 écoles en communautés autochtones66. Deux commissions scolaires ont été créées suite à l’accord de la Baie-James et du Nord québécois de 1984 : la Commission scolaire crie et la Commission scolaire Kativik. Ces dernières administrent leur propre mode de gouvernance et leurs propres programmes de formation primaire et secondaire. La Nation Crie comporte neuf écoles, la Nation Naskapi une seule, alors que le Nunavik compte dix-sept écoles inuites. Plusieurs écoles dites « de bande » relèvent des directions de services éducatifs agissant au sein des conseils de bande, lesquels sont de juridiction fédérale donc, encore à ce jour, sous la tutelle du ministère aux Affaires autochtones et du Nord Canada. Le Conseil en Éducation des Premières Nations agit à titre de « secrétariat général » pour offrir des services éducatifs à 26 communautés autochtones. L’Institut Tshakapesh dessert pour sa part des services éducatifs à huit communautés innues. Il est à noter que les nations W8banaki et Wolastoqiyik Wahsipekuk ne possèdent pas d’école de bande dans leurs communautés et que leurs élèves doivent donc fréquenter les écoles publiques des municipalités avoisinantes14.

Étant donné qu’environ 60 % des personnes autochtones résident désormais en milieu urbain, plusieurs centres offrent des activités culturelles, des services éducatifs et de nombreuses autres initiatives aux élèves autochtones, à leur famille ainsi qu’au personnel du réseau scolaire québécois 15.

Ressource : Guide d'accueil d'inclusion des élèves autochtones (RCAAQ 2022)