Approche en sécurisation culturelle et sociale50

La sécurisation culturelle et sociale renvoie à une démarche d’affirmation et de transformation qui repose sur le principe de justice sociale. Elle implique la reconnaissance des conséquences de la colonisation et renforce l’agentivité des Premiers Peuples51 . Afin de nuancer le propos, il convient de préciser que l’idée de « sécurisation » peut traduire une préoccupation de la société dominante et ainsi risquer de reproduire la relation coloniale69.

Ainsi, en milieu scolaire, au-delà de « sécuriser » les élèves autochtones par des actions individuelles et localisées, les organisations scolaires doivent s’engager à revoir l’ensemble de leurs services et infrastructures, tout en s’assurant d’impliquer des personnes autochtones dans les instances. Cette démarche implique un ensemble d’étapes sous-jacentes qui renvoient à des savoir-être que les personnes intervenant auprès d’élèves autochtones doivent développer en vue d’offrir des milieux éducatifs culturellement et socialement sécuritaires. Il s’agit de la conscience, de la sensibilité, de l’humilité et des compétences culturelles.

La conscience culturelle constitue le point de départ d’une démarche de sécurisation culturelle en ce qu’elle fait la lumière sur les iniquités et la nécessité d’y remédier (Blanchet-Garneau et Pepin, 2012). La sensibilité culturelle renvoie pour sa part à la nécessité d’être sensible aux différences culturelles et de les respecter (Baba, 2013). Archibald (2006) soutient à cet égard que le développement de pratiques et d’outils holistiques culturellement sensibles aux réalités autochtones et soucieux de leurs perspectives constitue une voie nécessaire vers la guérison. L’humilité culturelle « consiste à envisager sa propre culture d’un œil critique tout en cherchant à comprendre les autres avec respect » (Cleaver, Carvajal et Sheppard, 2016, p. 2). Fondée sur la réflexivité et la compréhension de ses préjugés personnels et des préjugés systémiques, l’humilité culturelle s’exprime par une posture intérieure qui permet à la personne de reconnaître qu’elle doit apprendre pour comprendre l’expérience de l’autre (Willen et Carpenter-Song, 2013). Cette posture autocritique constitue un engagement personnel qui se développe tout au long de la vie. La compétence culturelle constitue quant à elle un processus actif qui met l’accent sur les habiletés, les attitudes et les connaissances des personnes praticiennes, ainsi que sur leur capacité à mettre de côté leurs croyances et leurs préjugés (McNaughton-Dunn, 2002).

« Il ne suffit toutefois pas de mettre en place des mesures ou des programmes; un travail d’éducation auprès des professionnels, des enseignants et des étudiants allochtones est encore à réaliser pour démystifier les réalités vécues par les Premiers Peuples et pour défaire des préjugés et des stéréotypes persistants, qui freinent les mesures d’adaptation sous le prétexte du nombre peu élevé d’étudiants autochtones52 . »